mercredi 21 mai 2008

Redevance redevable

Aujourd'hui, je pose la question de la potentielle hausse de la redevance. Ce n'est pas une nouveauté (quand il s'agit de pomper encore plus de thunes aux citoyens ni aveugles ni sourds en même temps, ça n'est jamais une nouveauté), mais disons tout au moins que cela redevient d'actualité.
Donc, quel est le litige ? L'idée (son idée) est d'avoir un service public sans aucune publicité, ce qui induit donc de remplacer le financement qu'elle apporte jusqu'alors par d'autres moyens. Outre la réorganisation du fonctionnement des diverses antennes, financées entre autres par la redevance, et visant en partie à réaliser des économies (et aussi à mieux les tenir par les couilles), est évoquée, c'est bien là ce qui nous interresse, la volonté de rattraper le manque à gagner en augmentant la redevance.
D'un point de vue politique, je m'y oppose formellement. Je ne vois pas pourquoi je paierais plus, juste parce qu'un petit nain teigneux, fatigué de sa propre incompétence et des journalistes qui persistent à le parasiter sans appuyer positivement chacune de ses paroles, a décidé de faire un gros coup, histoire de bien estomaquer tout le monde, et de refonder un service public radio-télévisé encore moins indépendant. Au moins, à prendre tout le monde de court, il n'aura pas eu à répondre à des questions absurdes et plates ce soir-là.
D'un point de vue pratique, je trouve déjà terriblement injuste le système actuel. En effet, dès lors qu'on achète un téléviseur et qu'on paie une taxe d'habitation, les pompes à fric de Bercy passent en mode Shadoks, autrement dit, à moins de pieuter dans un carton avec prise de courant, on raque. Pour l'état, si vous achetez un bel écran plat seize neuvièmes, ça n'est certainement pas pour profiter de vos jeux vidéo ou de vos dvds, non, c'est forcément pour admirer le grandiose jeu d'acteurs de Plus belle la vie (France 3)... ou les tranches d'humanité vraie (au point de crever de honte pour eux et à leur place) des Z'amours (France 2). Alors, réformer le système et l'étendre (aux offres ADSL) sans corriger les bases, je ne peux forcément pas être pour. Surtout si j'y perds.
Cependant, deux journalistes dont j'apprécie particulièrement le travail et l'indépendance, Yves Calvi (C dans l'air, France 5, Mots croisés, France 2) et Serge Moati (Ripostes, France 5, et des documentaires, notamment celui sur/contre Jean-Marie Le Pen, "Le Pen, vous et moi") semblent (je ne crois pas les avoir entendu la défendre clairement) être en faveur de cette mesure (même s'ils ne semblent pas non plus être particulièrement chauds pour la refonte de France Télévisions). Donc, je reconsidère la question depuis le début.
Primo, la publicité sur le service public, secondo, l'intérêt réel de ne plus en avoir, tertio, le fameux bonus culturel qui devrait accompagner la hausse de la redevance.
D'abord, la publicité sur France Télévisions n'est pas vraiment traumatisante puisqu'elle n'entrecoupe pas les programmes, il n'y en a donc qu'entre les diffusions (c'est une pause toilettes bienvenue), par contre, c'est qu'elle passe parfois plein pot qui s'avère gênant, et pour égaliser le son, pas besoin d'augmenter la redevance. Un mioche pourrait le faire.
Ensuite, l'intérêt pour le spectateur de ne plus voir de publicité. A vue d'oeil (ça tombe bien), il y a facilement un quart de teasers pour les émissions des différentes chaînes du groupe et de propagande nationale (sécurité routière, alcool, drogues, fruits et légumes, vu comme c'est parti, bientôt on aura aussi les ventes aux enchères du patrimoine immobilier et les promotions sur lots de tee-shirts Travailler plus pour gagner plus, etc.). Si je le fais remarquer, c'est parce que je doute fort, très fort, que le temps comblé par les publicités commerciales ne soit remplacé par de nouveaux programmes, sans quoi, les annonces à répétition auraient déjà été réduites de moitié. A vrai dire, on risque certainement de se retrouver avec une rediffusion supplémentaire (tant mieux pour les amateurs noctambules) de NYPD Blue (France 3) ou un énième programme court à l'intérêt limité.
Enfin, le bonus culturel, le petit plus du service public, pour éduquer nos chères petites têtes blondes (les brunes et les rousses aussi, on est pas aryen non plus, je sais pas d'où elle sort cette expression), instruire le footeux consommateur à outrance de canettes et la ménagère de cinquante balais et des poussières (oui, je suis fier de mon jeu de mot !)... Une fois de plus, cela me pose un gros problème, tout dépend de ce que l'on appelle culture. Est-ce que c'est le léchage de cul de la bande à Drucker (Vivement Dimanche, France 2), est-ce que c'est pour la grandeur d'esprit de Christine Bravo ou l'intelligence de Paul Wermus (On n'a pas tout dit, France 2), est-ce que c'est une usine à dandys creux et cons jazzy (Ce soir ou jamais, France 3), ou est-ce que c'est un dortoir où les invités pioncent en attendant leur tour (Des mots de minuit, France 2) ? La Culture (avec un grand C), pourquoi pas. Les bons programmes, encore mieux.
Et à y être, ce serait bien d'entendre du bon français sans pour autant être obligé de passer sur la séquence d'informations d'outre-mer (12/13: Edition de l'Outre-Mer, France 3) et de tomber sur l'interview d'un balayeur de Guadeloupe, d'un épicier de Guyane ou d'un commercial de Martinique (et vous pouvez tout interchanger, le choix de gens humbles est destiné à bien vous montrer que même les moins bien lottis parlent bien)...
Ce serait pas mal non plus de mieux trier sur le volet (puis gérer) les animateurs, ça nous éviterait un nouveau Pascal Sevran, vous savez, l'imbuvable et prétentieux directeur du service gériatrique (La chance aux chansons, Chanter la vie, Entrée d'artistes, France 2) qui, entre autres, avait avalé de travers la "bite des noirs" qu'il avait surement dû payé, et avait transformé sa rancune personelle, non pas en condamnant les queutards irresponsables mais en insulte raciale carabinée à l'encontre de toute une couleur de peau... sans jamais être viré !
Alors évidemment, décrit de telle manière, le service public fait plutôt pitié, mais qui aime bien châtie bien, c'est parce que je le regarde et l'apprécie qu'il peut m'arriver de le critiquer vertement. De là à payer plus pour voir pas mieux, juste un peu moins de publicité, non. D'ailleurs, n'oublions pas qu'il y a peu de temps encore, ce n'était pas la publicité que l'on s'évertuait à vouloir supprimer mais bien la redevance, l'impôt auquel presque personne n'échappe. Et puis, est-ce que la publicité qui finance les journaux et magazines gratuits empêche les gens de les lire ? Que nenni, on pourrait même dire que bon nombre de métropolitains n'auraient jamais lu un journal quotidiennement précisément parce qu'ils auraient du l'acheter...
Et si vous n'êtes toujours pas convaincus,
posez-vous la question qui tue,
la question plus efficace que la séculaire technique des cinq points et la paume qui font exploser le cœur,
la question qui vous foudroie plus vite que l'Avada Kedavra :
Quel peut être le bienfondé de ce bonus culturel lorsque l'on diffuse Eurovision ???
Comme toujours, c'est une "lettre ouverte" et vous avez tout droit de réponse...

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